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Édition du 10 septembre 2017,
section ACTUALITÉS, écran 4
La NOAA utilise deux avions Lockheed WP-3D Orion pour partir à la chasse aux ouragans. Les deux appareils sont surnommés Kermit et Miss Piggy, deux personnages de la célèbre émission The Muppet Show. Dans le cas d’Irma, un des avions est allé se placer dans l’œil de l’ouragan pour y lâcher des instruments de mesure au cœur de la tempête. « On pourrait penser qu’il n’est pas nécessaire d’envoyer des avions dans les ouragans, avec tous les satellites météo dont nous disposons, a expliqué John Cangialosi, météorologue au Centre national des ouragans (NHC), en entrevue avec l’AFP. Les satellites ont vraiment progressé, mais ils ne donnent que des estimations sur la force d’un ouragan. »
Une fois à l’intérieur de l’ouragan, les cinq membres de l’équipage ont l’impression de se trouver au milieu d’un immense stade en raison de la forme des nuages. Les spécialistes appellent d’ailleurs ce phénomène le stadium effect (« effet stade »). Le diamètre de l’ouragan Irma est de 30 km et sa superficie totale dépasse les 330 000 km2. Une sonde équipée d’un parachute est lâchée. Sa mission est de mesurer la température, l’humidité, la vitesse et la direction que prend l’ouragan. L’équipage peut lâcher ainsi plusieurs sondes à différents endroits dans la tempête pour recueillir le maximum d’informations.
L’appareil effectue un autre passage pour récolter les données transmises par la sonde. Celles-ci sont immédiatement envoyées au Centre national des ouragans par transmission satellite. Elles sont utilisées pour raffiner les prédictions et les modélisations par ordinateur. C’est à partir de ces informations que les autorités décident ou non d’ordonner l’évacuation d’un secteur ou d’une région en particulier. Malheureusement, ces données ne sont pas parfaites. « Même si la science était parfaite avec toutes les bonnes équations, on ne peut pas prévoir une accélération de la puissance des cyclones, car il y a apparemment des facteurs aléatoires impossibles à mesurer, comme l’état initial de l’atmosphère », explique Owen Kelly, chercheur au Centre Goddard, en entrevue avec l’AFP.
L’équipe de « chasseurs d’ouragan » de la NOAA utilise aussi un deuxième appareil pour mieux étudier chacune des tempêtes. Le Gulfstream IV-SP peut voler plus vite et à une altitude beaucoup plus importante (45 000 pieds ou 13 700 mètres). Avec ses instruments de mesure, il peut notamment obtenir un portrait détaillé des systèmes atmosphériques situés dans la haute atmosphère au-dessus des ouragans en formation. La NOAA risque fort de ne pas manquer de boulot au cours des prochaines semaines. Déjà, deux autres ouragans se sont formés dans l’Atlantique, soit Katia et José. Avec six ouragans déjà identifiés en 2017, on serait néanmoins loin du record de 15 ouragans dans l’Atlantique pendant l’année 2015.